Dissection sous-muqueuse : une expertise internationale aux HCL
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En France, ils sont cinq, dont deux praticiens de l’hôpital Édouard-Herriot, à pratiquer couramment la dissection sous-muqueuse, technique inventée au Japon pour traiter les lésions du côlon. Le meilleur moyen pour cerner la tumeur, l’analyser intégralement et réduire l’incertitude.

De l’œsophage au rectum, l’endoscopie interventionnelle permet d’explorer les organes du tube digestif à la recherche d’éventuelles lésions, tumeurs ou polypes et de les réséquer. En France, deux traitements sont proposés pour les tumeurs superficielles : la mucosectomie et la dissection sous-muqueuse.

Historiquement pratiquée au Japon depuis la fin des années 90, la dissection sous-muqueuse endoscopique (ESD) s’est progressivement imposée en Europe. À tel point qu’aujourd’hui, elle est devenue la technique de référence pour la résection des tumeurs digestives superficielles supérieures à vingt millimètres. En France, c’est aux HCL que le procédé a été utilisé pour la première fois dans le côlon.

Une méthode fiable et rassurante 

C’est cette deuxième technique que le Dr Mathieu Pioche, pionnier en France de la procédure, et le Dr Jérôme Rivory utilisent quasiment chaque jour dans le service d’hépato-gastroentérologie de l’hôpital Édouard Herriot. Avec 220 interventions par an en moyenne, le Dr Pioche a développé depuis 2015 une expertise reconnue à l’échelle nationale et internationale.

De janvier à novembre 2014, il s’est formé auprès des spécialistes japonais à Tokyo. Et l’année suivante, il soutenait sa thèse de doctorat portant sur l’optimisation de la technique de dissection sous-muqueuse. C’est-à-dire ? Hier, pour prélever l’échantillon de tissu ou réséquer la tumeur, l’endoscopiste utilisait une aiguille pour soulever la muqueuse pathologique et un bistouri électrique conventionnel pour couper et disséquer la lésion.

En 2015, le Dr Mathieu Pioche, sous l’impulsion du Pr Thierry Ponchon, et en collaboration avec la start-up lyonnaise Nestis, conçoit un nouvel outil qui réunit les deux fonctions. Le nouveau bistouri permet d’injecter un liquide avec de la haute pression et de couper électriquement les tissus. Depuis, cette innovation a démontré son intérêt en termes de sécurité et de performance.



La procédure se déroule en plusieurs étapes :

  • Le marquage par électrocoagulation distingue le pourtour de la lésion jusqu’à ses marges saines.
  • L’injection du liquide(1) dans la sous-muqueuse décolle la lésion, offrant aux médecins un espace élargi où travailler en sécurité.
  • L’incision circonférentielle de la muqueuse puis la dissection progressive de la lésion achèvent la procédure.
  • Enfin, la pièce réséquée est étalée sur une plaque et envoyée au laboratoire d’anatomie cytopathologie.

L’analyse est d’autant plus fiable et probante que le fragment disséqué comporte l’intégralité de la lésion circonscrite par des marges saines. La perte d’information est quasiment nulle, contrairement aux techniques de résections morcelées. Et le taux de récidive beaucoup plus faible qu’après mucosectomie fragmentée. Diagnostic et traitement gagnent donc en efficacité. Pour le patient, c’est bel et bien une source d’incertitudes qui disparaît.

Maîtrise de la procédure et enjeu thérapeutique

Aux HCL, la procédure est désormais standardisée et c’est la pharmacie de l’hôpital Édouard Herriot qui produit le glycérol utilisé lors de l’injection. 

Selon les experts japonais, un médecin devient autonome après 50 procédures dans l’estomac. Aux HCL, les praticiens sont à bonne école : le service d’hépatogastroentérologie de l’hôpital Édouard Herriot est centre formateur de la Société européenne d’endoscopie digestive. À l’heure actuelle, seule une poignée de médecins, dont Mathieu Pioche et Jérôme Rivory à HEH, maîtrise ce type de dissection dans le côlon. Or, en France, les lésions colorectales sont les plus fréquentes. Le cancer colorectal touche chaque année plus de 42 000 personnes, dont 17 722 décès en 2012. Dès lors, on comprend l’importance de bénéficier, à Lyon, d’un centre formateur, fort de cinq salles d’endoscopie et de médecins parmi les plus expérimentés d’Europe(2) et engagés au quotidien dans leur pratique.


(1) La solution visqueuse doit être conductrice pour le courant et respecter les tissus.
(2) Le service est devenu le premier centre européen en nombre de dissections pratiquées.